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Cacao : Quand un Nouveau Monde Fait Racine

Dernière mise à jour : 23 mai

Saviez-vous que l’une des plus grandes entreprises du commerce du cacao, Cargill, a son siège européen à Genève ?

Cette multinationale, symbole d’un modèle industriel hérité d’un autre temps, a généré en 2023 un chiffre d’affaires de 177 milliards de dollars. Elle y est parvenue en achetant des fèves à bas prix dans les pays producteurs, en les transportant vers ses propres usines, situées principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Asie, où elle assure elle-même leur transformation industrielle — torréfaction, broyage, pressage — avant de revendre les produits finis ou semi-finis à l’industrie agroalimentaire mondiale. Ainsi, toute la valeur ajoutée et les profits restent concentrés dans les mains d’un petit nombre d’acteurs puissants.

Pendant ce temps, de nombreux cultivateurs ont peiné à survivre, souvent laissés sans revenu décent ni sécurité.

Alors que les profits se concentrent dans les mains de quelques-uns, tandis que les cultivateurs, eux, peinent à joindre les deux bouts, un souffle nouveau se lève : dans certaines régions du monde, des producteurs, des communautés et aussi des consommateurs choisissent un autre chemin.


Un ancien système encore dominant, mais qui commence à se fissurer


Dans une large mesure, les plantations et les filières de cacao à travers le monde — autour de l’axe de l’équateur, de l’Amérique à l’Afrique et jusqu’en Asie – fonctionnent et sont, à ce jour, structurées selon un modèle hérité de la colonisation :


• conditions de travail précaires, parfois même inhumaines,

• recours au travail des enfants,

• déforestation illégale de forêts pluviales pourtant officiellement protégées,

• appauvrissement des sols et pollution à grande échelle,

• prix imposés et non équitables,

• dépendance économique extrême,

• exportation de fèves non transformées, souvent sans aucune traçabilité réelle sur leur origine, leur traitement post-récolte ou les conditions sociales de leur production.


Enfin, pour augmenter les rendements, certaines entreprises introduisent des variétés de cacaoyers génétiquement modifiées ou fortement hybridées, au détriment de la biodiversité locale et de l’autonomie des cultivateurs, qui deviennent dépendants de semences brevetées.


À l’origine, dès le XVIe siècle, ces cultures ont été implantées sur des terres contrôlées par des colons européens, dans le seul but de répondre à la demande des marchés européens, qui ont été massivement exploitées : des terres accaparées, des plantes exotiques cultivées intensément, et une main d’œuvre corvéable à merci.

Ce modèle d’exploitation, né de la logique coloniale, s’est perpétué jusqu’à aujourd’hui. Il continue de dominer la chaîne de valeur globale du cacao, laissant peu d’espace à l’autonomie réelle des communautés productrices.


Mais quelque chose bouge


Une révolution discrète, portée depuis la base, commence à émerger. Elle est en germe. Ce mouvement n’est pas impulsé par les grandes entreprises, mais par de petits collectifs autonomes, des communautés paysannes et des projets profondément enracinés dans leurs territoires.


Des initiatives voient le jour.

Des producteurs et productrices reprennent le pouvoir sur leurs terres et leurs choix. Des voix s’élèvent. La relation à la Terre change. Des forêts sont protégées. Des fèves sont transformées localement, dans le respect des cycles et des savoirs.


Ce sont des graines semées dans un sol longtemps épuisé.

Elles ne couvrent pas encore tout le champ, mais elles poussent. Et elles prouvent qu’un autre modèle est non seulement possible, mais déjà en marche.


Et de l’autre côté de la chaîne, nous, consommateur·ices, avons notre part de responsabilité — et de pouvoir. C’est grâce à des acteur·ices intermédiaires conscients, comme One Love Cacao, et aux consommateur·ices engagé·es que ces initiatives peuvent trouver un véritable écho. C’est ensemble que ce chemin s’ouvre — car cette dynamique concerne profondément la relation entre Sud et Nord.

Nos choix d’aujourd’hui peuvent nourrir les systèmes vivants de demain — et peut-être même contribuer à faire du cacao éthique et enraciné le nouveau paradigme mondial en devenir.


Cultiver autrement, choisir autrement


Dans les réalités alternatives que nous choisissons et construisons, le cacao se cultive autrement :


• dans le respect des forêts vivantes,

• sans détruire les écosystèmes sacrés,

• et en suivant le rythme naturel des saisons et de la Terre.


Ici, pas de rendement forcé. Pas de standardisation génétique. Juste l’alliance entre l’humain et la plante, dans une relation respectueuse et réciproque.


Un cacao qui porte la mémoire et l’âme


Heureusement, en Amérique Latine et notamment au Guatemala, d’autres dynamiques existent. Dans certaines communautés indigènes, des paysan·nes font le choix de :


• conserver la transformation sur place,

• produire de la pâte de cacao pure,

• transmettre leurs savoirs ancestraux et/ou se les réapproprier,

• se réapproprier leur rôle dans la chaîne de valeur.


C’est un acte politique, culturel et économique. C’est aussi une forme de résistance silencieuse contre un modèle extractiviste globalisé.


One Love Cacao : tisser un lien vivant — un témoignage de patience partagée


Chez One Love Cacao, nous avons choisi de marcher avec ces gardien·nes du cacao.


Nos partenaires guatémaltèques — un collectif autonome de familles Maya — cultivent et transforment leur cacao Criollo selon des pratiques respectueuses de la Terre et des traditions. Après s’être récemment affranchis d’une organisation étrangère qui leur achetait les fèves à bas prix, ils ont fait le choix de ne plus vendre ces fèves en vrac. Par acte de souveraineté, ils les transforment eux-mêmes en pâte de cacao pour en tirer un revenu plus juste et trouver des partenaires — comme nous — qui les soutiennent dans cette démarche libre et engagée.


Par ailleurs, l’année dernière, les conditions météorologiques ont rendu la récolte rare, et ils ont choisi de ne pas faire suite à notre demande d’envoi de fèves fermentées et pelées, préférant les transformer en pâte, afin d’ajouter de la valeur au processus de transformation et de dégager un revenu plus important pour la communauté.


Aujourd’hui, nous recevons avec gratitude leurs fèves de grade cérémoniel : pelées à la main, soigneusement sélectionnées, empreintes de sens et de présence. Ce sont ces mêmes fèves qui nourrissent nos pâtes de cacao ONE LOVE, tant appréciées par notre communauté de cœur — c’est-à-dire les personnes qui choisissent et soutiennent One Love Cacao. Nous ne savons pas combien de temps encore nous pourrons les proposer (voir notre boutique en ligne), et chaque lot est une offrande unique.


Un geste, un choix, une co-création


La nôtre est une invitation à voir le cacao autrement :


• Non pas comme une marchandise, mais comme une mémoire vivante.

• Non pas comme un produit neutre, mais comme un fruit d’histoires, de choix et de luttes.


Choisir un cacao éthique, c’est choisir de nourrir des filières vivantes.

C’est honorer les mains qui le cultivent.

C’est refuser le silence autour de l’injustice.


Et choisir un cacao sacré, vivant, de grade cérémoniel, c’est encore franchir un seuil : cela nous propulse dans une autre dimension du lien, du goût, du rituel et de la conscience.


Ce blog n’est pas une dénonciation, c’est un chant d’espérance. C’est un hommage à celles et ceux qui ouvrent d’autres chemins. C’est un rappel que le changement est déjà là. Et que chaque geste, aussi simple soit-il, peut devenir une offrande.


Merci d’être avec nous sur ce chemin.


ONE Love. ONE Love Cacao.

1 Comment


grisciah
May 23

Oui!

Superbe :

Texte, initiative, programme et réalité !

Merci !

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